Lancement du film « Enabling power of 3D mapping among the Saramaccan People » (Le pouvoir de la cartographie en 3D chez les Saramacas) à la CWA2014

Il y a cinquante ans, la construction d'un grand barrage a forcé 5 000 Saramacas du Suriname à quitter leurs terres ancestrales le long du fleuve Suriname. Les blessures causées par cette transmigration ne se sont pas encore refermées. En attendant, les Saramacas qui vivent dans le Haut Suriname font face à de nouveaux défis car leurs droits territoriaux ne sont pas encore reconnus officiellement et les infrastructures routières pour accéder à la région s'améliorent. Créer un modèle 3D de la région qui raconte de l'intérieur leurs traditions et leur utilisation des terres peut les aider à surmonter le sentiment qu'ils ont d'être mal compris par les responsables politiques et à retrouver leur voix.

Le lancement de la présentation vidéo de 15 min intitulée « The enabling power of participatory 3D mapping among the Saramaccan People of Suriname » (Le pouvoir de la cartographie participative en 3D chez les Saramacas du Suriname) a eu lieu le 9 octobre lors de la 13ème édition de la Semaine caribéenne de l'agriculture à Paramaribo. Il s'est produit au cours de la session « La cartographie comme média dans les processus politiques : Apport de la 3ème dimension à la table des négociations », en présence de représentants de la communauté des Saramacas.

Le lancement a été suivi de réflexions de la part de représentants des Saramacas - M. Godfried Adjako, un des chefs du village de Kaajapati, et Mme Debora Linga qui a passé son enfance avec ses grands-parents dans leur ferme sur les rives du réservoir Brokopondo, et qui plus tard, a continué à leur rendre visite dans le village de Ginginston sur les berges du Haut Suriname.

M.Godfried Adjako s'est souvenu qu'au cours du processus de création du modèle 3D, les membres de la communauté, et en particulier les jeunes, avaient beaucoup appris des anciens. « La carte montre maintenant notre vie, la Terre sur laquelle nous vivons, la Terre sur laquelle nous marchons, la Terre sans laquelle nous ne pouvons vivre. »

« Nous pouvons utiliser la carte pour décider des endroits où devront se situer les développements futurs » a-t-il ajouté. Autant les hommes que les femmes ont contribué à l'établissement de la carte. « Les femmes en savent beaucoup sur les environs des villages, tandis que les hommes qui autrefois chassaient, sont ceux qui connaissent le mieux les zones éloignées. »

M.Adjako a déclaré qu'au moment de développer la légende avant l'établissement de la carte, la communauté avait décidé d'omettre des informations sensibles et confidentielles. Par conséquent les données contenues dans le modèle et qui sont actuellement en train d'être numérisées par Tropenbos international Suriname devraient être considérées comme accessibles au public.

Le processus MP3D a constitué un voyage de découverte pour la jeune Debora. « Dans les années soixante, mes grands-parents ont dû se réinstaller dans un nouvel endroit parce que leur village avait été submergé par l'élévation du niveau des eaux du réservoir de Brokopondo. Ils se sont installés sur les rives du Haut Suriname dans un village appelé Ginginston où j'ai grandi. Je n'arrivais pas à comprendre les raisons pour lesquelles mon grand-père continuait de naviguer très loin le long du fleuve pour atteindre les rives du lac où il cultivait des pastèques » a-t-elle dit. « J'ai découvert ces raisons en discutant avec un ancien qui m'a expliqué que les familles en transmigration avaient été accueillies par les villages Saramacas en hauteur du lac, mais qu'il ne leur avait été accordé qu'un accès limité aux ressources. En fait, c'était comme s'ils empruntaient la terre aux gens qui l'occupaient depuis des générations. Si bien qu'ils n'avaient accès qu'à de petites zones agricoles. En langage saramaka, il s’agit de la façon dont vous vous sentez : ils vivaient sur les terres de quelqu'un d'autre. »

 

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